La fiction - les actions
Trois niveaux de focus sont possibles pour les évènements.
Les actions :
On considère un évènement en particulier et les relations qu'il entretient avec le reste du récit.
Par exemple : la mort d'Aéris dans Final Fantasy VII, la mort d'Emma dans Madame Bovary, la rencontre de Frédéric Moreau avec Madame Arnoux...
Les relations peuvent être logiques, chronologiques...
Les séquences :
Elles constituent une unité d'analyse intermédiaire entre les action et l'intrigue.
Par exemple dans le roman Beaux seins, belles fesses du prix nobel de littérature Mo Yan, on retrouve cycliquement la même succession d'évènements : le retour d'un des pères des enfants qui finit toujours par repartir en mettant la famille dans une situation sans cesse plus compliquée.
L'intrigue :
C'est le niveau global de l'histoire. Certains critiques comme Vladimir Propp ont essayé de trouver des structures universelles aux récits.
Il a ainsi isolé 31 fonctions qui constitueraient un socle commun pour les contes, parmi elles on trouve par exemple la situation initiale, l'éloignement, l'interdiction, la transgression, l'interrogation, l'information, la tromperie, la complicité, le méfait... jusqu'à la tâche accomplie, la reconnaissance, la découverte (on démasque les éventuels traîtres), la transfiguration (le héros change) et le mariage.
Dans le cadre de notre cours
Ecrire une histoire consiste donc en partie à savoir choisir des évènements et des enchaînements dont la narration et la mise en texte est intéressante.
Il convient à l'auteur de se demander qu'est-ce qu'il considère dans son intrigue comme important et qui sera en mesure d'intéresser le lecteur. Comment l'auteur imagine que le lecteur soit en mesure de prendre du plaisir en découvrant l'histoire.
Cette prise de plaisir peut être contrebalancée par une volonté d'ancrer le travail du texte plus dans la narration ou dans la mise en texte, mais l'auteur doit en avoir conscience.
Vers une méthode?
Pour votre projet final, vous devez joindre au livrable dans la partie présentation :
- Un pitch de quelques lignes qui résume votre histoire et donne envie de la lire.
- Un déroulé des évènements qui s'organise de manière chronologique (l'ordre des évènements, pas celui de la narration)
L'énonciation - suite
Il va désormais être question de commencer à écrire votre histoire. Même si vous risquez de revenir plusieurs fois sur ce que vous allez écrire pour le modifier et l'améliorer, certains choix vont fortement orienté votre récit.
C'est le cas de l'énonciation, en fonction de la personne que vous choisirez, votre histoire pourra fortement varier.
Ecrire avec "Vous"
Le jeu avec la deuxième personne (du pluriel avec Inform) contribue à renforcer l'effet d'immersion, ce qui est souvent un atout dans les jeux et peut l'être parfois pour des histoires où l'interaction avec la ficton est essentielle.
Dans le cas de notre projet, la fiction joue un rôle important, mais elle n'est pas aussi décisive que pour le jeu, il est tout à fait possible de privilégier l'interaction avec la narration : c'est à dire qu'on raconte une histoire dont l'intrigue change très peu selon les actions commises, mais c'est le fait de jouer ces actions qui rend la lecture intéressante par exemple.
Le recours à la seconde personne va vous pousser à écrire souvent des descriptions commençant par "Vous vous trouvez dans..." ou "Auteur de vous..." ce qui peut être au final assez couteux en mots à la longue, même si ce coût est là pour renforcer l'immersion et peut fragiliser la qualité littéraire de votre travail.
Le lien entre le narrateur et le lecteur est au fond assez naif et direct : on invite le lecteur à s'assimiler directement au personnage.
Ecrire avec "Il/Elle"
Ecrire une fiction interactive à la 3ème personne peut s'avérer un challenge intéressant qui semble dans notre cours le plus approprié pour nos besoins.
En effet la troisième personne permet une distance entre lecteur, narrateur et personnage avec laquelle il peut être très facile de jouer dans la mise en texte : le lecteur peut facilement en savoir plus par exemple que son personnage : "Mais Clément ne sait pas qu'en même, un peu plus loin, sa maison est en train de brûler" qui risque d'être plus difficile à gérer avec un "vous" où on a toujours le doute entre lecteur et personnage "vous ne savez pas que votre maison est en train de brûler".
La troisième personne peut ainsi faciliter des niveaux de connaissances asymétriques.
Elle facilite aussi la mise en texte la rendant sans doute plus proche du récit traditionnel et des techniques d'écriture déjà connues.
Dans ce sens, nous pensons que la 3ème personne privilégie le travail sur la narration et la mise en texte sans pour autant vraiment nuire à la fiction.
Ecrire avec "Je"
Ecrire avec "je", c'est faire coincider, le personnage, le narrateur et le lecteur.
Il peut y avoir dans cette assimilation une vraie sensation d'immersion. Un travail est du coup parfaitement possible au niveau de la narration puisqu'on passe par la perception directe du personnage. La mise en texte ne souffre pas particulièrement de ce choix de pronom.
Toutefois la difficulté consistera a toujours savoir jouer avec la perspective du personnage, mais il n'est pas impossible d'utiliser le point de vue de plusieurs personnages.
Le recours au jeu risque de favoriser le point de vue interne et un récit plus psychologique.
L'hybridité
D'autres formes sont possibles. Vous pouvez jouer sur les différentes énonciations pour donner plus de rythme à votre récit. Les scènes dans le rêve peuvent par exemple passer à la première personne alors que le reste est à la troisième...
C'est à vous de décider, mais faites bien attention de rendre d'éventuels passages entre deux modes d'énonciation cohérents.
L'énonciation au devoir
Pour le dossier de présentation du livrable final, vous devrez justifier en quelques ligne le choix de votre modèle énonciatif.
L'écriture à la 3ème personne étant jugé comme la norme, vous expliquerez pourquoi vous n'y avez pas recourt le cas échéant.